dimanche 31 juillet 2016

Ma timidité vous dérange?


Johann Heinrich Fussli

"Pourquoi es tu toujours dans ton coin? Je veux dire seule et sans expression? Tu me fais vraiment de la peine quand je te vois toute seule".
Ces mots retentirent sur le coup dans mes oreilles comme une preuve irréfutable d'une tare incurable que j'aurais. Cette tare qui fait de moi un être asociale en proie à la pitié et à  l'incompréhension des autres. Une tare qui donc supplante tout autre chose qui pourrait constituer mes traits de caractère et me catégorise aux yeux du monde comme étant cette fille, seule dans son coin et balbutiant dans sa timidité maladive. Ainsi, je me limite aux yeux de tout autre individu à une créature solitaire ne pouvant aborder quiconque et ne pouvant être abordée par quiconque. Un monstre emprisonné dans sa peur des autres et son exécration de la foule.
Le problème est que je ne suis ni asociale, ni dépressive,ni mal dans ma peau, ni même timide, je pourrai intervenir dans des amphithéâtres bondés ou encore participer à une représentation théâtrale. 

Cette constatation pourrait être faite par n'importe quelle personne me connaissant vraiment. Ce que j'ai, et ce que toutes les autres personnes dans mon cas ont, est d'abord lié à une nature psychologique. Donc, c'est ainsi plus profond que cela ne transparaît.
La facilité est la seule option choisie par l'observateur vil et puéril pour critiquer et pseudo analyser notre manière d'être. Nous, et je parle au nom de tout celles et ceux qui vivent dans la même incompréhension, ne sommes pas très à l'aise avec une foule de personnes avec qui l'on ne partagera que des velléités puériles et sans intérêt.
On se sent seuls quand on est au milieu d'une foule nombreuse. Nous avons une personnalité qui privilégie le fait d'être seul aux conversations stériles. Nous pensons que la solitude est vectrice d'intelligence, de calme intérieur, c'est une sorte de catharsis salvatrice dans un monde où le contact social même faux est érigé au rang de but ultime.
Ils pourront dire que nous ne connaîtrons rien au monde avec ces moments de solitude, mais ils ont tord, car nous connaîtrons plus. Nous nous connaîtrons mieux et cela est ce qu'il y a de plus précieux. Nous serons plus aptes à nous comprendre et ces moments passés loin de la cacophonie et du bruit incessant des paroles vaines seront une sorte de méditation.

Hors de cette période de "retrouvailles intérieures", les rencontres avec les autres personnes ne paraîtront pas dénuées de sens, cependant nous serons confronté(e)s à un autre problème.
En effet, pour moi, il y a dans cela également une once de peur de l'inconnu. De fait, de nouvelles personnes, inconnues, seront synonymes d'impuissance pour nous. Nous ne serons pas aptes à converser de manière construite avec elles dans la mesure ou leur raisonnement, personnalité nous sont totalement inconnues. Ainsi, nous serons largués dans un milieu inhospitalier.
Et c'est cette peur de l'inconnu et de l'inexploré qui constitue un frein a de nouvelles rencontres quand bien même il y a besoin de socialisation. Même quand nous aurons l'envie de connaître plus de monde, de nous fondre en quelque sorte dans la masse, nous aurons l'impression d'être un poisson hors de l'eau. D'être une sorte d'alien incapable de s'accommoder à cet nouvel univers hostile et rude.
Par ailleurs, cette peur de l'inconnu ne fait qu'aggraver une timidité relative aux autres et constituant un frein dans l'établissement de nouvelles relations sociales. La solitude étant notre repère et notre environnement habituel, la peur de cet inconnu contribuera à accentuer une sensation de non adéquation avec les autres. Suis je vraiment faite pour ça? Vont ils m'accepter dans leur groupe? Serais-je assez bien pour eux? Toutes ces questions s'entrecroisent dans ma tête quand  je vois un groupe d'ados devant moi et je peux vous affirmer que c'est extrêmement pesant et difficile de supporter ce jugement interne qui ne fait qu'enclencher un manque de confiance en soi. Rétrospectivement, j'ai tellement de fois culpabilisé de ne pas avoir abordé de potentiels amis, et d'être resté seule dans mon coin.
Cette culpabilisation est contre productive, elle souligne le fait que je suis différente des autres et accentue mon manque de confiance en moi. Si cet individu ne m'avait pas stigmatisé explicitement ce jour là, je serai peut-être venue de moi-même pour leur parler, mais il m'a culpabilisé et stigmatisé.
C'est un véritable cercle vicieux que l'on doit enrayer en acceptant notre nature, en la respectant et en l'affirmant. C'est essentiel pour regagner confiance en nous. 


Tous les psychologues ou psychanalystes pourraient critiquer mon analyse des choses, cependant, nous ne répondons pas à des normes préétablies par je ne sais quel DSM controversé, nous ne sommes pas une série de symptômes ordonnés et sans âme. Nous sommes tous différents et on ne peux nous catégoriser comme étant tel type de personne ou tel autre. Ce que j'écris là est ce que je vis, ce que je ressens, et tellement de lecteurs me disent qu'ils s'identifient à ce que j'écris et que jamais ils n'auraient penser que nous étions si nombreux dans le même cas. Mais nous sommes nombreux et j'espère mettre des mots sur nos sentiments que nous pensions tous garder à jamais au fond de nous. 


"Je puis penser, causer avec moi, ce sont mes seuls moments de grand silence. 
Je ne suis pas distrait par le bruit de la foule où ma timidité m'isole"
Jules Vallès



samedi 30 juillet 2016

Trop gentils...


Vous savez, quand on a jamais été en couple et qu'un beau jour un garçon ou une fille nous approche c'est l'extase. On entre dans une félicité indescriptible faite de sensations assez floues. C'est assez difficile à décrire dans la mesure où le fait que quelqu'un nous approche est vu comme un acte divin et providentiel, un miracle absolu. Nous avons tellement peu confiance en nous que s'intéresser à nous nous paraît saugrenue, incompréhensible, louche. Comment cette personne peut s'intéresser à quelqu'un comme moi? Ne suis-je pas juste ce spécimen vierge de vie sociale qui attise les moqueries et la pitié de tout le lycée? Pourquoi quelqu'un pourrait éprouver une quelconque once d'intérêt vis à vis de moi? 
Bref, c'est un événement international et intergalactique qui se produit avec la même fréquence qu'une éclipse totale du soleil. 

Et puis on idéalise cette personne et on a tendance à en faire trop pour que cette rare personne qui ait daigné nous accorder son attention reste quitte à lui faire peur.
On s'attache à elle, on devient trop gentil, on ne veut pas la laisser partir, on ne veux pas qu'elle s'en aille. C'est tellement exceptionnel que tous les moyens sont permis pour la garder auprès de nous, rien n'est trop beau pour elle. On devient collant, on  manifeste un intérêt disproportionné, on la spamme des fois aussi. 
On zappe ses défauts, on zoome sur ses qualités, on donne trop et on pardonne trop vite.
Des fois on tombe sur des bonnes personnes qui nous aiment vraiment.
Mais d'autres fois on tombe sur des gens qui n'en valent pas la peine.
Des personnes qui ne comprennent pas notre enthousiasme à leur égard et s'enfuient. 
Des personnes qui se méprennent sur nous et nous jugent hâtivement.

J'en ai moi-même fais les frais.

Cette année je suis tombée amoureuse de mon premier meilleur ami garçon, je m'étais attachée à lui, il était le seul garçon qui avait pu s'intéresser à moi et c'était juste incroyable pour moi. Avant même d'être tombée amoureuse, il était devenu ma préoccupation principale, je lui parlais beaucoup et petit à petit il est devenu mon meilleur ami. 
C'était prévisible que je puisse tomber amoureuse de lui. C'était même logique.
Je lui ai avoué mes sentiments,et, une semaine après il sortait avec une autre fille. J'ai tellement souffert pendant toute cette période, j'ai souffert en silence.
Mais malgré ça mes sentiments envers lui n'ont jamais changé.
Jamais.
Toujours j'ai gardé cette même excitation joviale à l'idée de lui parler, toujours j'ai préservé cet attachement que j'avais pour lui.
Jamais je ne l'ai haïe.
Jusqu'à ce jour de mars où il m'annonce qu'il mettait fin à notre amitié.
Jusqu'à ce jour où il a décidé de me châtier pour mon amour et ma tendresse envers lui.
Jusqu'à ce jour où il a décidé qu'aimer était un crime répréhensible.
À cette annonce douloureuse qui s'est faite par SMS (après avoir passé une semaine à m'éviter ), j'ai assisté ,impuissante, à la chute de mon monde. Ma tristesse était tellement profonde et c'est cette image de moi, pleurant et criant de tristesse, que j'ai gardé de cet événement qui m'a ouvert les yeux.
J'étais pendant tout ce temps aveuglée par mon amour et je refusais de me rendre à l'évidence : Sa présence m'était toxique. Pendant tout ce temps là, je ne l'avais jamais reconnu, et maintenant débarrassée de lui, je vis mieux et suis plus heureuse. 

A tous ceux qui vivent dans la souffrance, je dis que personne ne doit vivre dans la souffrance par amour ou par attente d'un réveil hypothétique de l’être aimé. La vie est trop courte pour courir inlassablement derrière les mauvaises personnes, préservez cet amour puissant et rare que vous avez et dédiez le à des personnes qui vous aimeront pour ce que vous êtes et qui ne vous renieront pas à la première occasion. 

vendredi 29 juillet 2016

C'est quoi être populaire?


Depuis l'école primaire on nous ressasse inlassablement cette histoire de fille ou mec populaire, comme si on avait établi une pyramide sociale au sein de l'école et que chacun était condamné par sa condition sociale à une vie de labeur ou à une vie de plaisir et de volupté. Voici mon témoignage au sujet de cette ségrégation scolaire.  

Connaissez-vous ce concept obscur de Popularité? Ce concept dont on ne connaît ni l'origine, ni l'instigateur mais qui depuis l'école primaire conditionne notre vie scolaire. Ce concept obscur qui établit un clivage explicite entre les Populaires et les Non populaires, entre ceux qui ont la popularité et ceux qui ne l'ont pas. Entre l'élite, les oligarques, les rois de la cour de récré et les marginalisés, le peuple, la plèbe, le tiers monde. Entre ceux qui sont admirés, les beaux, les "thugs" et les autres, les sans histoire, les inintéressants. Entre les Dieux, et le commun des mortels.


L'origine de ce concept est comme dit plus haut, obscure mais revient en partie à notre admiration effrénée envers les stars ou autres personnalités. C'est la reproduction du star-system où un groupe d'une poignet d'individus dominent le monde des strass et des paillettes. Dans le microcosme social qu'est le lycée, les stars ne sont plus des chanteuses pop ou des boysband mais sont en revanche le groupe des populaires. Ce groupe qui regroupe l'élite unanimement choisie parmi les plus beaux, parmi ceux qui ont la vie sociale la plus enviable, parmi les plus provocants, les "thugs". Ils deviennent un idéal, un but à atteindre pour les autres ados, ils ont tout ce que nous n'avons pas et que nous souhaitons avoir. Ils sont tout ce que nous ne sommes pas et que nous rêvons d’être. Ils ont une vie excitante, faite de péripéties délicieuses et d'expériences exaltantes à l'image des stars mais je dirai que l'admiration envers ces personnes populaires est bien plus galvanisée que pour les stars. En effet, les stars ont cette image assez impersonnelle, on ne les connait pas, on ne les côtoie pas, à l'opposition des populaires, que l'on connait plus ou moins bien. De fait, ces populaires sont comme des stars à portée de main, et tous voudront les approcher, leur plaire, leur apporter une offrande gage d'une admiration sans limites. On est enivrés par les effluves délicates de leur arrogance inégalée.


J'ai vécu et vit toujours depuis mon enfance dans ce climat morbide de distinction quasi ségrégationniste entre les élèves. Ce climat de clivage et de séparation qui fait que nous devons obéissance et respect pour les populaires, qui fait qu'ils deviennent des modèles et qu'ils ont droit de vie et de mort sur nous. Ce petit groupe qui domine tous les autres élèves de manière nonchalante et suffisante me donnait envie de vomir. Je n'ai jamais supporté leur pseudo supériorité par rapport aux autres et qui les rendaient aptes à commettre les plus grosses injustices en toute impunité. Je ne l'ai jamais supporté certes, mais je ne l'ai que très rarement contesté.Mon année de Troisième a été particulièrement éprouvante à cause en partie de mon impopularité. Je n'avais plus confiance en moi, je me sentais laide, inintéressante par rapport à ces créatures divines qui suintaient de confiance en elles et de beauté. Je me sentais tellement inférieure aux populaires, je ne leur parlais jamais car je ne me sentais pas à leur niveau, je pensais qu'ils se moqueraient de moi, cette pauvre fille intello qui bégaye quand elle est trop stressée. Bref, je les ai divinisés, tellement divinisés que je me considérais comme une moins que rien, qui ne valait même pas qu'on lui adresse la parole. A chaque fois qu'ils m'approchaient, je me devais d’être la plus gentille possible, la plus bienveillante, et cela se soldait même par des abus comme le fait de faire des devoirs à la place d'un populaire ou lui envoyer des tonnes de cours sous prétexte qu'il ne les a pas copié. Ça débute comme ça et cela devient de plus en plus fréquent, on appréhende le fait de dire non et on est emporté dans un cercle vicieux. On profite de nous sciemment et aujourd'hui en écrivant ces lignes je me rends compte de l'absurdité de ce système qui nous relègue au rang d'esclave. Je me rends compte que j'ai commis une erreur en respectant ce système et en m'y conformant, une erreur dont le spectre à jamais me hantera, une erreur qui me prive jusqu'à aujourd’hui de confiance en moi et c'est pour cela que je dis à toutes celles et ceux qui perdent confiance en eux à cause de cette notion saugrenue de popularité de s'en foutre (je n'ai pas d'autres mots ^^).

Sérieusement, être populaire ne vous offrira ni des études cotés, ni un travail, je pense que c'est juste la réjouissance des moins doués. J'en ai vu tellement ,qui, dans le but de devenir populaire, changeaient, devenaient d'autres personnes, tournaient le dos à leurs vrais amis, cessaient de travailler correctement. En somme, la quête de popularité est destructrice, et pour des retombées minimes. De plus, comme je l'ai dit, je n'ai pas pu m'y opposer mais maintenant que j'écris ces lignes, je me sens plus forte pour dire non et j'espère que pendant mon année de Terminale, j'affronterais avec hargne et n'accepterais plus les exactions commises au nom de cette hypothétique popularité et j'espère que vous l'affronterez vous aussi! 


PS: Je ne fait que relater ma propre expérience en me basant sur "l'étude sociologique" du microcosme de mon lycée.
Je ne généralises pas à tous les lycées et je parle de mon vécu.
A bon entendeur!

jeudi 28 juillet 2016

Mon pire contrôle

Qui n'a jamais passé un contrôle qu'il regrettera tout au long de sa vie, un contrôle où juste après avoir rendu sa copie, on se rend compte de la connerie de nos erreurs et on a toutes les bonnes réponses qui réapparaissent miraculeusement dans notre tête? Voici mon expérience. 


 J'observe longuement ma feuille, elle est constellée de perles humides, c'est la sueur de mon front qui s'y est progressivement versée au fur et a mesure que mon état de panique s'accroissait. Alors que je fais l'impasse sur l'exercice 2, c'est toute ma vie qui défile, de mon année de cinquième où j'étais la cancre "pour qui travailler était impossible" à ma miraculeuse reconversion en "élève sérieuse et assidue". Avais-je effectué tout ce chemin pour que ce jour ci, mardi 19 avril, je rate royalement un examen de mathématique qui devait signifier mon salut? Je compte longuement, 5 points pour le premier, 5 points pour le troisième, j'ai au maximum un faiblard 10 sur 20. C'est la que je pense à mon dossier, que va dire Sciences Po? Je panique. 

Mon désir de travailler était uniquement motivé par ma vocation de future sciences piste et jusque là je ne m'étais que très rarement posé des questions sur mes chances d'être admise, j'avais plusieurs options, un dossier assez convenable malgré mon petit 9 en sport et en plus j'apprenais des langues que personne n'apprend (le finnois, le tibétain et l'hébreu, ne me demandez pas pourquoi...)   

Et là, à cause de probabilités et de dérivation et d'arbre pondéré et de second degré, c'est presque tout qui s'écroule, mon avenir et ma vie. Je regarde encore cette feuille avec mépris et là je me dis qu'en fait, "Sciences Po est une école de privilégiés, élitiste et ne formant pas à l'acquisition d'un esprit critique développé".

C'était mon excuse à chaque instant de ma vie où je sentais mon dessin d'entrée à Sciences Po menacé. Et fixant ma calculatrice affichant une addition que même un élève de CP aurait pu faire sans problèmes, en l'occurrence 4+4=8, je pense à cette école d'économie que je voulais faire, celle de Jean Tirole, qui demande "un excellent niveau de maths" et je me dis qu'après tout l'économie à la fac serait une alternative tout à fait convenable.

Je n'ai toujours rien écrit dans l'exercice deux, j'esquisse un arbre au hasard et je prie longuement pour que mon professeur de maths salue cet acte louable de bravoure, de courage et de persévérance en attribuant quelques points. Naïveté suprême. 

Mon état de panique augmente soudainement lors du tintement de la première sonnerie. Deux heures sont déjà passées, deux heures où j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux et où j'ai affligé à mon organisme le plus grand supplice qu'il ai pu vivre. Pour me donner bonne conscience, je rédige un tableau de probabilités à la va vite sous le regard médusé de mon professeur qui se tient devant moi avec un air réprobateur, je lui rend la copie et en sortant de la salle je me rend compte de toutes les erreurs que j'ai faites. Mon esprit s'affole, je marche rapidement jusqu'à la cafétéria en affichant de la déception et de la haine sur mon visage, je n'ai pas faim, tout ce dont j'ai envie c'est de lire tous les livres d'économie, de sociologie et de philosophie que je peux trouver, assister à toutes les conférences qui peuvent exister, l'an prochain mes deux premiers trimestres de terminale doivent être parfaits. Armée de mon cartable pesant huit kilos et qui attise les moqueries de mes camarades et de ma boule de cheveux frisés que j'ai récemment coupé "Pour me rapprocher de mes racines africaines et affirmer mon opposition aux diktats impérialistes de la mode imposant une image de la beauté totalitaire et infligeant à la femme des souffrances inouïes pour se conformer aux standards de beauté mondialisés" (Oh quelle jolie phrase j'ai faite), je me réfugie aux toilettes. Internet y capte, je consulte le Monde, envoies un petit "Je t'aime maman",  et je lis une citation d'Edgar Morin, "L'intelligence c'est ce que mesurent les tests, mais aussi ce qui leur échappe" ce que ne mesurent pas les tests, c'est mon investissement, c'est le fait que je suis la seule de la classe à faire les exercices demandés, c'est mon attitude en classe. Mais tout cela, qui le verra à part moi?

Je replonges dans mon état de déprime disproportionné, sans mes notes, je n'ai rien, je n'ai pas d'avenir, je n'ai pas de métier, et je trouve cela profondément ridicule. Ce sont des chiffres, barbares, inhumains, qui décideront en partie de mon avenir. C'est triste, oui, mais c'est la vie. 



PS: J'ai eu 7/20 à ce controle... 

mercredi 27 juillet 2016

Une femme qui se respecte c'est quoi?


Je viens de tomber sur cette insanité alors que je regardais mon fil d'actualité. 
Comme ça, mettre un débardeur qui couvre sa poitrine est censée montrer si une fille se respecte ou pas? De simples habits permettent ainsi de mesurer le degré de "Respect" qu'ont envers elles-mêmes les femmes? Comment peut-on juger à partir de cela? Et ça veut dire quoi "Se respecter"? C'est porter des habits couvrants et se soumettre à la peur d'être pointée du doigt comme étant "Une fille qui ne se respecte pas"? C'est ne pas vouloir se montrer de manière trop aguicheuse? C'est vaincre la pute qui est en nous pour nous comporter de manière convenable"pour une femme".

Ce que je veux dire, c'est que la personne qui a écris ça et les milliers d'autres qui ont partagé ou retweeté ce post pensent que les femmes ne s'habillent que pour plaire aux hommes, ainsi, si je veux m'habiller de manière sexy ou séduisante, me maquiller, on me pose instantanément la question "C'est pour qui ? ". 

C'est que l'on pense que le corps de la femme est un objet sexualisé qui ne sert qu'à la séduction et dans un monde où les "Eh mademoiselle" sont omniprésents, cela paraît normal que les femmes aguicheuses soient victimes d'agression sexuelle. 
"Elle l'a bien cherché, dira-t-on, elle ne se respecte même pas pour qu'on la respecte nous"
Or, ce que l'on ne comprend pas est que toute femme, mini-jupe, tailleur ou burqa sera confrontée à des agressions sexuelles.
Ainsi cela me sert à quoi que l'on dise de moi "Cette fille là elle se respecte"? Quel est l'intérêt de dire ça? 
Et puis pourquoi décrire les femmes avec cela? Le "respect de soi-même"! Quelle notion vague et incomplète! Pourquoi ne pas laisser les femmes juger elles-mêmes de leur personnalités au lieu de les étiqueter et stigmatiser de manière totalement arbitraire!
Ce que les gens ne comprennent pas, c'est que les habits sont secondaires, on ne jugera pas les femmes pour leurs compétences ou connaissances et valeurs, mais pour leur apparence extérieure qui délimitera leurs valeurs et normes et qui dira si cette "femme se respecte" ou non.
Certains penseront que c'est juste un cas à part, mais moi je pense que ce post est révélateur d'une pensée partout intériorisée, celle qui suggère qu'une femme parce qu'elle s'habille de telle manière ou d'une autre, sera plus susceptible d'attiser les critiques, et qu'une autre par qu'elle est "chaste et dévote" sera respectée par tous car elle se respecte elle-même.

Le respect est bien plus complexe que ce que ces personnes veulent nous faire croire, et la meilleure manière de montrer notre attachement au Respect pour le sexe féminin est de s'opposer à ce genre d'assertions humiliantes et stigmatisantes pour nous.

mardi 26 juillet 2016

17 ans sans mec, et alors?


Avoir 17 ans sans petit(e) ami(e) paraît comme une hérésie aux yeux du monde. 
"Tu n'as jamais eu de petit ami?" "Jamais embrassé de garçon wahahah??!!?" "Noooon?!?! Tu te fous de ma gueule!!".
Telles sont des remarques ô combien redondantes que j'ai trop entendues.
Nous sommes perçus, nous et je parle au nom de tous celles et ceux qui vivent le poids de cette situation amoureuse, comme des ratés, des gens qui passent à côté de leur adolescence et pour qui c'est déjà trop tard. Des damnés de la terre pour qui la vie n'est que souffrance et douleur. 


Mais pourquoi donc avoir un/une petit(e) ami(e) est il synonyme de réussite ou de quelconque indépendance?
Pourquoi avoir un petit ami devrait nous affranchir des chaines morbides et délétères de l'enfance?
Pourquoi y a t-il cette pression sur toutes les personnes qui passé 16 ans n'ont jamais eu de relation amoureuse?
A 17 ans je n'ai jamais eu de petit ami et je le vis comme un poids dans un monde ou c'est une étape incontournable de la jeunesse. C'est être grand, passer au stade de futur adulte, expérimenter les joies de l'indépendance. Créer un couple dans lequel chaque corps est astreint à un rôle donné et que l'on pourra exhiber comme le dernier téléphone à la mode. 
Au fond, on pourra dire qu'a 10 ans c'est la console, à 12 ans c'est le téléphone, à 14 ans c'est le petit ami et à 16 ans c'est le rapport sexuel. C'est devenu la suite logique de la croissance d'un ado normalement constitué, si tu n'as pas de petit ami, tu sors de la norme. Tu deviens un hérétique, une sorte de hors la loi ostracisé du groupe de jeunes branchés à cause de règles et de normes préétablies par je ne sais quel gourou à la mode. On exhibe ainsi sa relation comme une preuve irréfutable de sa maturité et de son développement normal. 
En fin de compte, bien plus que de l'amour, avoir un petit ami est devenu une obligation sociale que l'on doit montrer aux yeux du monde et dans ce monde exhibitionniste, être célibataire et n'avoir jamais connu les joies de la relation amoureuse doivent être absolument cachés. On se croirait dans une dictature des mœurs où être vierge ou puceau est illégal. Une sorte de monde distopique et totalitaire où l'amour ne compte plus vraiment mais ou c'est la multiplication des relations et le côté bestial et sexuel de la relation qui sont mis en avant. D'où la banalisation des commentaires humiliants du type "elle est bonne". 
De fait, l'amour, la passion, la beauté des sentiments amoureux sont oubliés au profit de cette OBLIGATION. On déshumanise l'amour,on instrumentalise ce rapport affectif en le transformant en instrument marketing.

Les mass-medias, la télé, les réseaux sociaux, tous nous font croire qu'il est ANORMAL de passer une adolescence sans petit ami, alors on surfe sur cela pour faire vendre. 
D'abord on met un accent sur l'anormalité de notre situation, puis on essaye de nous complexer, puis on nous montre comment nous ont sortir. Bien sûr, nous moutons-consommateurs on pense que c'est en achetant tel téléphone, tel tenue de cette marque en vogue , que c'est en installant tel réseau social que l'on aura une once de vie sociale et enfin que l'on touchera notre objectif premier, le Graal suprême, le petit ami. En se maquillant comme telle star, en ayant l'apparence du gros gars musclé que voilà et tout et tout. On nous fait croire que pour avoir un petit ami, il faut systématiquement ressembler à quelqu'un d'autre, se transformer et enrayer cette partie de nous qui nous pèse tant. Si l'on n'a pas de petit ami, c'est de notre faute selon eux. On a cette particularité qui nous fait sortir de la norme et donc, il faudra étouffer notre personnalité pour changer et être cette personne qui aura un petit ami.
Et pour ceux et celles qui font le choix d'être et de rester seul(e)s, c'est une situation bien plus difficile car dans l'ère de l'hypersexualisation, ce choix demeure incompris et est vue comme étant rétrograde et  conservateur. Mais si certaines personnes font le choix d'attendre la bonne personne? D'attendre qu'elles soient plus matures pour une relation amoureuse, quel est le problème? Pourquoi faire le choix d'être seul est encore plus mal vu que le fait de rester seul par défaut? C'est parce que dans ce monde gangrené par les apparences et les jugements hâtifs, l'action même de choisir de s'opposer aux normes dictatoriales de la société est vue comme une provocation. On ne rentre plus dans le rang, on devient une menace
Pour les filles, c'est bien plus lourd à porter dans la mesure où le célibat choisi est synonyme de résistance. Le sexisme de l'inconscient collectif fait qu'une fille sans garçon est forcement une raté, et que c'est de sa faute si elle n'a jamais trouvé ou gardé un compagnon. 
On parle de "moitié" comme si nous n'étions pas complètes et qu'il nous faut systématiquement un petit ami pour faire de nous des personnes accomplies.
De fait, être vierge symbolise un certain refus de la place qui nous est allouée, un refus de l'hypersexualisation de la femme et de son statut de jouet sexuel. Plusieurs féministes revendiquent leur célibat et de plus en plus de femmes ambitionnent à faire passer leur carrière et leur avenir devant leur vie amoureuse. Et pourquoi pas? Pourquoi donc ces femmes sont taxées d'individualistes ou de femmes non-accomplies? Je dirai que toutes les facettes de notre vie quotidienne sont constellés d'idées patriarcales réactionnaires. 


Mais je vais vous dire, l'amour ce n'est pas cela. L'amour, hélas n'est pas une course où le premier arrivé est le plus servi. Prendre son temps n'est pas une tare, revendiquer son célibat n'est pas un crime. L'amour n'est pas un bien de consommation auquel seuls ceux qui se conforment à la culture dominante ont droit. Attendre n'est pas un crime, affirmer sa personnalité n'est pas un crime.
Je peux vous affirmer que bien des couples qui nous font tellement envie dans nos cours de lycée sont faux et que le véritable amour devra vous accepter sans fioritures et faussetés, tel(le) que vous êtes.

lundi 25 juillet 2016

Intello ou bête de foire?

Connaissez-vous cette sensation amère qui nous envahit lorsque l'on est incompris? Lorsque l'on est jugé par des personnes qui croient nous connaitre mais qui ne font que s'enfoncer dans un jugement vide de sens et d'objectivité?
Pour ma part, je ne la connais que trop. 
Ayant acquis une réputation d'intello asociale, aller en cours était devenue une tache hardie tant j'appréhendais les remarques désobligeantes et les quolibets à chacune de mes prises de parole. M’asseoir au premier rang, qui était pour moi agréable, devenait un poids pesant et ce qui est encore plus lourd à porter et cette étiquette qui me limitait au rang d'intello auquel on m'astreignait. Je n'étais plus humaine, et cette vision des autres me complexait car elle s'imissait dans mes relations sociales. Me faire des amis au lycée était mission impossible car bien avant de me connaitre, tous ont déjà cette idée préconçue de moi. Résultat, perte de confiance et déprime. J'avais honte de moi, honte de ma nature, honte de cette nature que je vivais comme un poids.
Mais ça, c'était avant.
J'utilise le passé et c'est pour montrer qu'aujourd'hui, à l'aube de ma rentrée en Terminale j'allais m'affirmer et montrer à tous que ma nature n'est pas une hérésie, ni un crime. Je suis comme je suis, et comme dirait Montaigne, "chacun appelle barbarie ce qui n'est pas de son usage". La normalité n'est qu'une constellation de règles et de lois imposant à chacun le conformisme et l'absence d'expression personnelle. Ma différence, notre différence est l'affirmation du rejet du mode de vie intériorisés par tous et aujourd'hui érigé en but ultime. Notre différence est une force dans un monde où règne le conformisme et la soumission. 
Et si ce sont des potentiels Vrais amis, alors ils accepteront ma nature.Ne pas avoir honte est la clé d'une acceptation de soi et de plus de confiance en soi. En s'acceptant tel que l'on est, d'une part et en s'affirmant car j'en ai plus qu'assez de devoir me mettre sous une pression contre-productive à chaque fois que je suis entouré d'autres personnes.